Antoine Jaccoudin hauska, runollinen ja melankolinen monologi ihmisten ja eläinten suhteesta. Lähitulevaisuuteen sijoittuvassa teoksessa ihminen jättää hyvästit eläimille, jotka ovat päättäneet jättää ihmiskunnan. Olematta moralisoiva, teos käsittelee ihmisen julmuutta eläimiä kohtaan. Ekologinen näytelmä saa meidät uudelleenarvioimaan suhteemme luontoon.
Davide Giovanzana
Synopsis
Ihminen sanoo hyvästit eläimille. Monologi on samaan aikaan sanojen ryöppy, anelukirjoitus, inventaario ja vetoomus. Tämä on osoitettu niille, joita hän on rakastanut, joita hän on syönyt, niille, joita hän on kohdellut hyvin tai huonosti.
Antoine Jaccoudin näytelmä on huumorin, hellyyden, rikkomusten ja sanomatta jättämisen läpäisemä moraalinen teksti, joka kuvaa ihmisen ja pedon välistä "herkkää mutta raakaa" suhdetta ja paljastaa siten ihmisten ja eläinten väliset ambivalentit siteet.
Aikana, jolloin suhteemme eläimiin muuttuu täysin – olivatpa ne kuolleet sukupuuttoon tai olimmepa vain luopuneet niiden syömisestä tai jopa kasvattamisesta – ihminen palaa miettimään kaikkea sitä, miten olemme eläneet eläinten kanssa, niin hyvässä kuin pahassakin.
Vuosi
2017
Alkukieli
Ranska
Käännökset
Suomi (käännös Reita Lounatvuori), saksa, italia, puola
1 (sopii myös useammalle näyttelijälle. Sukupuolella ei merkitystä)
Ote näytelmästä
Antoine Jaccoud Adieu aux bêtes, extrait (title in English: Farewell to the beasts)
On va se dire adieu.
Les chiens ont presque tous disparus maintenant.
Les chats et les cochons d’Inde ont subi le même sort.
Les poules et les vaches se sont éteintes d'elles même il y a plusieurs années.
Tout comme les chèvres,
et les moutons,
et les dindes.
Restent les autres.
Une poignée.
Nos préférées.
Nos favorites.
Nos chouchous pour ainsi dire.
On est triste bien sûr.
On a la larme à l'oeil.
Les mouchoirs sont comme des serpillères.
On les essore à deux mains. Il reste encore des larmes dedans.
Niches vides. Boxes désaffectés.
Clapiers à lapin livrés au vent.
Pâturages envahis par les ronces.
Tout est maintenant à l’abandon.
Hier un chenil devenait centre culturel.
Demain c’est un élevage de pur-sang qui mettra la clé sous le paillasson.
Est-ce qu'on s'est trompé?
Est-ce qu'on a exagéré?
Est-ce que les choses auraient pu se passer différemment?
En quatorze mille ans, on a eu le temps de prendre des habitudes.
Bien sûr que certains ont poussé le bouchon un peu trop loin.
Bien sûr que certains ont gueulé sur leurs bêtes,
ont donné des coups de pied ou de bâton sur les fesses
ou même sur la tête.
Bien sûr que des bêtes ont été mutilées,
que des queues, des oreilles, des cornes sont tombées,
que des injections, des ponctions, des transfusions
ont été faites contre leur gré.
Bien sûr qu'on en a mangées beaucoup,
- plus que de raison, il faut le dire.
Bien sûr que certaines bêtes ont trop travaillé.
On n'a pas toujours fait très attention,
beaucoup sont mortes sous la charge, les genoux brisés.
Mais tout de même.
Est-ce une raison pour couper tout lien?
Est-ce une raison pour que tout s'arrête?
Est-ce une raison suffisante pour mettre fin à notre relation?
On avait encore des choses à vivre ensemble.
Les caresses, on les regrettera.
Les regards, on les regrettera.
La joie de la bête au retour du travail aussi on la regrettera,
et la queue qui bouge et cette bonne humeur, cette manière de
jovialité constante, le matin comme le soir
Tu me fais la fête, Fido?
Tu es contente de me voir, Honorine?
Et les promenades aussi, on les regrettera, et les léchouilles, et la patte ou le mufle humide tendu pour une croquette, un biscuit, une carotte, et le hennissement tout au fond de l’écurie lorsque la porte s’ouvre…
Mais ce sera trop tard.
Les bêtes auront disparu.
Retournées à la forêt pour quelques unes.
Tout simplement disparues pour les autres.
Bichons maltais et setter irlandais réduits à l’état de fantômes.
Etalons anglo-normands ou franc-montagnards rayés de la carte.
Races charolaises, hérens ou montbéliardes ne subsistant que dans la mémoire des plus anciens d’entre nous.
Tant de souvenirs.
Tant de moments partagés.
Tant de belles choses.
Une fois en montagne. Tout un troupeau. Juste devant nous.
Une autre fois la bête qui se jette dans la fontaine tellement il faisait chaud.
Une fois toutes qui s’étaient glissées sous la clôture. On avait passé la nuit à les récupérer.
Une fois une coupe en argent au marché-concours...
Est-ce que le temps est vraiment venu de se dire adieu?
Est-ce qu'on ne pourrait pas se contenter d'un au revoir,
histoire de tout reprendre à zéro, de repenser tranquillement à tout ça?
On pourrait peut-être s'entendre.
On pourrait peut-être trouver un arrangement.
On pourrait s'excuser, on pourrait demander pardon, on pourrait les dédommager peut-être.
Telle somme aux cochons.
Telle somme aux chevaux.
Tel forfait en faveur des poulets, des veaux, des oies,
même aux moutons et aux cailles on pourrait verser quelque chose.
Combien vous faudrait-il?
Combien voudriez-vous pour ne pas partir fâchés?
Combien pour effacer l'ardoise et faire oublier ce que nous vous avons fait?
Combien?
Prenez le temps de réfléchir.
Prenez le temps d'examiner nos propositions.
Tout est négociable.
Tout peut se discuter.
On peut trouver des avocats,
On peut créer une commission.
On peut parler Vérité,
On peut parler Réconciliation
On peut se pencher sur un Nouveau Pacte
On peut tout revoir… !
Mais ne partez pas.
Pas maintenant.
Pas comme ça.
Nous avons besoin de vous.
Nous avons besoin de sentir votre fourrure entre nos mains. Elle nous rappelle d'où nous venons - et peut-être bien où et comment nous finirons aussi.
Nous avons besoin de sentir votre truffe humide dans notre paume. Elle nous invite à la promenade.
Nous avons besoin de sentir votre encolure entre nos bras. Elle nous dit que vous êtes plus grandes et plus fortes et plus rapides que nous.
Nous avons besoin de sentir votre langue sur nos mains et sur nos joues. Elle nous encourage à nous souvenir du monde d'avant les assurances et les cliniques.
Nous avons besoin de sentir votre odeur. Elle est certes plus forte mais plus pure que la notre.
Nous avons besoin de vous.
Un tel qui se console de ne pas avoir eu d'enfants
un autre parce qu'ils sont partis trop tôt.
Un autre encore c'est son corps qu'il n'aime pas.
Celui-ci n'a pas d'amis.
Cet autre a perdu ses parents dans un accident.
Celle-ci aime à sentir l'étalon vibrer dedans son périnée
Cet autre a besoin de se sentir le chef :
Au pied !
Ici !
Terre !
Terre, j’ai dit.. !
Celle-ci dort seule depuis toujours.
Celui-là a peur la nuit.
Celui-ci n'a pas eu de frère.
Celle-ci a été déshéritée.
Celui-là a besoin de quelqu’un pour ne pas rentrer seul du bistrot.
Celle-là en veut au monde entier, à part aux bêtes bien entendu.
Et tous les autres c'est pour manger, tirer la charrette ou patauger dans la rizière.
Vous n'allez pas partir.
Vous n'allez pas nous laisser
SveitsiläinenAntoine Jaccoud syntyi Lausannessa vuonna 1957. Elokuvakäsikirjoittajana hän on työskennellyt mm. Ursula Meierin (Home, Sister) ja Bettina Oberlin (Leventtourne ) kanssa. Jaccoud on saanut ansioistaan sveitsiläisen elokuvan kunniapalkinnon.
Teatterille kirjoittaessaanJaccouderikoistuumonologeihin ja jäähyväisten kirjoittamiseen, olipa ne sitten osoitettu lumelle (Désalpe, 2011), eläimille (AdieuauxAnimaux, 2017) tai jopa Marsiin muuttaneille lapsille (Goodbye, 2017). Puolaksi, saksaksi ja espanjaksi käännettyjä Jaccoudin tekstejä on esitetty Euroopan lisäksi Meksikossa ja Burkina Fasossa.